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mations qu’a subies à travers les siècles le droit de propriété.

Du territoire de chasse des tribus primitives jusqu’à la propriété individuelle à laquelle la loi romaine attacha le droit d’user et d’abuser, la propriété foncière a été en continuelle transformation, chaque étape de la civilisation apportant avec elle sa conception propre du droit de propriété. Chez l’homme primitif vivant de la chasse, de la pêche et de la récolte des fruits sauvages, l’idée de l’appropriation de la terre ne saurait naître. Elle commencera à poindre, très vaguement encore, avec la délimitation du territoire de chasse, propriété de la tribu primitive qui la défendra férocement contre les incursions des hordes voisines. Quand plus tard l’homme aura domestiqué certains animaux propres à le nourrir, il songera à les multiplier et la vie pastorale commence. La propriété foncière, c’est ici l’espace nécessaire aux troupeaux de chaque tribu ; même lorsque le cheptel est propriété individuelle le sol reste domaine collectif.

Le régime pastoral se prolonge aussi longtemps que l’accroissement de la population n’oblige pas les hommes à passer au régime agricole, beaucoup plus dur ; car, tout comme l’homme isolé, l’humanité obéit à la loi du moindre effort. Pour cette même raison de moindre effort, dans le régime agricole, elle pratiquera

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