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d’abord la culture extensive : quelle nécessité de fumer le sol et d’y engager du capital quand l’étendue est là et qu’on peut, laissant les terres se reposer, appliquer le système de rotation des cultures ? Sous ce régime de culture temporaire, où la même surface n’est mise en valeur qu’une année sur vingt, le partage annuel des terres constitue la forme normale de la propriété.

Mais un jour vient où, la population continuant à augmenter, on ne peut plus se permettre ces longs repos de la terre : la culture extensive fait place à la culture intensive. La propriété continue à demeurer le domaine collectif de la tribu ou de la commune ; mais la culture intensive exigeant un travail plus ardu, des fumures, des assolements, on attribuera aux individus l’usage temporaire avec retour à la collectivité et nouveau partage. C’est la dernière étape, celle qui conduit à la possession individuelle du sol. La route sera longue ; mais le régime militaire, en faisant de la terre un butin que le chef vainqueur s’approprie ou partage entre ses guerriers, facilitera la conception individuelle de la propriété. Toutefois ce n’est que beaucoup plus tard, à une période nouvelle de l’évolution humaine, la période industrielle, que la propriété individuelle se réalisera pleinement en fait. Encore dans cette marche en avant, l’humanité

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