Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/270

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Et de scènes ! (Je vous pris la main sous la table,
J’eus même des accents vraiment inimitables),
Mais ces malentendus ! l’adieu noir ! — Je m’en vais !
— Il fait nuit ! — Que m’importe ! à moi, chemins mauvais !
Puis, comme Phèdre en ses illicites malaises :
« Ah ! que ces draps d’un lit d’occasion me pèsent ! »
Linges adolescents, nuptiaux, maternels ;
Nappe qui drape la Sainte-Table ou l’autel,
Purificatoire au Calice, manuterges,
Refuges des baisers convolant vers les cierges.
Ô langes invalides, linges aveuglants !
Oreillers du bon cœur toujours convalescent
Qui dit, même à la sœur, dont le toucher l’écœure :
« Rien qu’une cuillerée, ah ! toutes les deux heures… »
Voie Lactée à charpie en surplis : lourds jupons
À plis d’ordre dorique à lesquels nous rampons
Rien que pour y râler, doux comme la tortue
Qui grignote au soleil une vieille laitue.
Linges des grandes maladies ; champs-clos des draps
Fleurant : Soulagez-vous, va, tant que ça ira !
Et les cols rabattus des jeunes filles fières,
Les bas blancs bien tirés, les chants des lavandières,
Le peignoir sur la chair de poule après le bain,
Les cornettes des sœurs, les voiles, les béguins,
La province et ses armoires, les lingeries