D’abord, ton Cœur, calice ouvré de broderies,
Semble, dans son ardeur d’âme de reposoir,
Un lac de sang de vierge, où mille pierreries
Brûlent mystiquement, nuit et jour, sans espoir !
De ce foyer d’essors, féerique apothéose,
Jaillissent huit rayons, échelle de couleurs,
Où des tons corrompus, mourants, se décomposent,
Symboles maladifs de subtiles douleurs.
Ô blancs neigeux et purs, ô pétales d’aurore,
Blancs rosés, lilas blanc, fleurs des vierges écrins,
N’êtes-vous pas l’enfance, où le remords encore
Et les spleens furieux n’ont pas cassé nos reins ?
Et vous, l’âpre jeunesse éclatant en vingt gerbes
D’ivresse, vers le calme éternel du soleil,
Bleus francs, verts des juillets, écarlates superbes,
Lits chauds de tresses d’or, braises de rut vermeil ?
Alors, le grand bouquet tragique de la Vie !
Les mornes violets des désillusions,
Les horizons tout gris de l’ornière suivie
Et les tons infernaux de nos corruptions !
Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/38
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.