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Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/112

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Elsa toussa un peu, puis chante avec un reste de larmes dans la voix :


Samson a cru en Dalila,
Ah, dansons, dansons à la ronde !
La plus belle fille du monde
Ne peut donner que ce qu’elle a.


— Qui vous a appris cela ? Si vous saviez quelque chose de moins épithalame.

Elsa psalmodie, la main sur le cœur, les yeux au ciel de lit :


Tu t’en vas et tu nous laisses,
Tu nous laisses et tu t’en vas,
Défaire et refaire ses tresses,
Broder d’éternels canevas.


— Non ! savez-vous que ce n’est pas très bien ! Seriez-vous libidineuse, Elsa ?

— J’ignore le sens de ce mot. — Ah ! mais, chantez donc, vous, alors !

Lohengrin déclame d’un accent exemplaire :


Il était un roi de Thulé
Qui, jusqu’à la mort fidèle,
N’aima qu’un cygne aux blanches ailes
Voilier des lacs immaculés,

Quand la mort vint…


Mourir ! mourir ! oh, je ne veux pas mourir ! Je veux voir toute la terre. Je veux savoir la vérité sur la Jeune Fille. Il sanglote désespérément la face dans son oreiller. Elsa