Aller au contenu

Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et Pan, au lieu de prendre de côté comme elle, vient échouer au pied de cette muraille ravinée. Il s’arrête. Ce sera un armistice pendant lequel il va la contempler ainsi (oh ! qu’il se pénètre au moins de cette réalité présente !). Ils vont sans doute reprendre leur discussion, cela se terminera peut-être à l’amiable, au soleil de midi.

Comme elle domine irrésistiblement, de là-haut, en cette noble pose frémissante encore ! Et toute sa chaste et fraîche personne, et sa chevelure en diadème solide, et ses grands yeux tout unis aussi vierges des insomnies que l’eau des sources l’est de l’essence de rose ! Que ses jambes sont pures et parfaites, là-haut !

— Pourquoi me poursuivez-vous ? lui crie-t-elle, d’une voix habituée à lancer et retenir les meutes de Diane.

— Parce que je vous aime ; vous êtes mon but ! répond-il de sa voix la plus panthéiste.

De sa voix la plus panthéiste ! Mais Syrinx, compagne de Diane, est spiritualiste, elle doit avoir ses idées sur la reproduction, etc.

— Me tenez-vous pour un animal, un petit animal classé ? Savez-vous que je suis inestimable !

— Et moi, je suis un artiste,quelqu’un d’étonnant ! Mais au fond, mon âme est celle d’un grand pasteur, vous verrez.

— Sachez que mon orgueil de rester moi-même égale au moins ma miraculeuse beauté ! Bien que je sache, parfois, être enfant...

— Ô Syrinx ! Voyez et comprenez la Terre et la merveille de cette matinée et la circulation de la vie. Oh ! vous