Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/52

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des féeries et des métaphysiques, inouïs, foudroyants ou donneurs de mort lente ! Ah ! tiens, nous allons nous aimer, je quitte aussi tout, nous partirons cette nuit sous ce clair de lune si lucide ! Je te lirai tout ! nous irons vivre à Paris. Kate se reprend à pleurer en silence.

— Non, non, Hamlet, ce n’est pas pour moi, je veux me retirer, entrer en religion, soigner les blessés de la très lamentable guerre de Cent Ans et prier pour vous.

On toque à la porte.

— Allons, Kate, essuyez vos yeux intéressants, bâclez votre toilette ; je reviendrai à la fin du spectacle. Je vous aime ! vous aime ! Et vous me direz des nouvelles de cette immensité. — Entrez !

C’est le régisseur ! Hamlet lui intime en passant :

— On me garde le secret, n’est-ce pas ! Ce drame ne vient pas de moi. Il est le premier venu de votre répertoire. Allez-y carrément.


— Hé ! continue Hamlet, tout haut, en remontant chez lui, je me moque de cette représentation et de sa moralité comme du premier amant de Kate ! — Le sort est jeté ! Je tiens ma solution. Ces choses-là viennent toujours d’où on les attendait le moins. À moi la vie et les alentours, et les très glorieux pessimismes quand même !

Hamlet s’habille solidement ; range des eaux-fortes qu’il entasse avec des manuscrits, de l’or et pierreries dans deux coffrets. Il choisit de menues armes. Puis, il allume un réchaud, pose dessus une planche de cuivre à graver sur