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ET LA PROPAGATION DU SON.

frémissement des parties d’un corps sonore quelconque. Il imagine pour cela qu’une particule du fluide poussée par les vibrations du corps contigu condense par une certaine distance les particules suivantes, jusqu’à ce que, la condensation étant devenue la plus grande, les mêmes particules commencent à se dilater de part et d’autre, ce qui forme selon lui une infinité de fibres sonores qui partent toutes du même point comme d’un centre commun. Il veut de plus que chacune de ces premières fibres en engendre une autre égale à son extrémité, lorsqu’elle a achevé une oscillation entière, et celle-ci une troisième, et ainsi successivement, de sorte qu’il se forme, pour ainsi dire, autour du corps sonore plusieurs voûtes sphériques, qui aillent toujours en s’élargissant, tout de même comme l’on observe dans les ondes qui s’excitent sur la surface d’une eau tranquille, par l’agitation de quelque corps étranger que ce soit.

Voilà quels doivent être selon cet illustre Auteur les mouvements des particules de l’air qui produisent et propagent le son. Mais M. Newton est encore allé plus loin, il a calculé tous les mouvements particuliers qui composent chacune des pulsations. Pour y parvenir il regarde les fibres élastiques de l’air comme composées d’une infinité de points physiques disposés en ligne droite et à égale distance les uns des autres. La méthode qu’il emploie pour déterminer les oscillations de ces points consiste à les supposer d’abord isochrones et toujours les mêmes dans chacun d’eux. M. Newton prouve ensuite que cette hypothèse s’accorde entièrement avec les lois mécaniques qui dépendent de l’action mutuelle que les points exercent en vertu de leur ressort ; d’où il conclut qu’en effet ces mouvements sont tels qu’il les a supposés, et comme à chaque oscillation il doit s’engendrer selon lui une nouvelle fibre égale et semblable à la première, il trouve l’espace que le son parcourt dans un temps donné, en calculant seulement la durée d’une simple vibration.

M. Jean Bernoulli le fils, dans son excellente Pièce sur la Lumière, a aussi déterminé, d’après les mêmes hypothèses, la vitesse du son ; son procédé diffère pourtant de celui de M. Newton en ce qu’il a d’abord supposé que les vibrations des particules sont parfaitement isochrones, ce que ce grand Géomètre s’était proposé de démontrer. Aussi n’est-il