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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/14

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à des notions surnaturelles ou extra naturelles. Mais conclure de là que l’enseignement doit exclusivement se confiner dans le domaine technique de la science serait un véritable sacrilège, une diminution de l’être humain ; il était réservé à notre époque de mensonge et d’absurdité de créer une opposition, une contradiction même, entre les sciences et les lettres, comme si l’esprit humain pouvait se découper ainsi par tranches. La vérité, c’est que, même dans le premier enseignement, dans la période d’initiation, il faut faire à ce qu’on appelle « les lettres » une place importante. Arriver à posséder sa langue maternelle, à la manier par la parole ou par l’écriture, s’exercer à exprimer sa pensée le plus clairement et le plus élégamment possible, tel est le premier point ; avec de nombreuses lectures, bien choisies, des dictées courtes, des exercices simples, on peut y arriver facilement ; mais il faudrait commencer par jeter au feu le tas des infâmes grammaires écrites par des cuistres infâmes, tortureurs d’enfants et piliers d’ignorance. C’est tout au plus si dans l’enseignement supérieur, il peut y avoir quelque intérêt à se livrer à des études grammaticales ; mais les imposer à un petit enfant, c’est un crime.

Il y aurait aussi intérêt, chaque fois que la chose serait possible, à enseigner au petit enfant la pratique élémentaire d’une langue étrangère. Ce serait tout simple, pourvu qu’on eût un instituteur connaissant cette langue, mais à la condition, là encore, de proscrire rigoureusement tout enseignement grammatical.

Par contre, on peut et on devrait dès maintenant donner partout aux enfants les éléments de la langue internationale Espéranto qui, avant un siècle d’ici, sera universellement adoptée comme idiome second et auxiliaire, à côté de la langue maternelle, pour toutes les relations internationales.

L’histoire, dans notre période d’initiation, doit occuper une place importante. On commencerait pour bien expliquer aux enfants qu’on va leur exposer des faits que nous ne pouvons pas vérifier nous-mêmes, puisqu’ils sont passés il y a bien longtemps ; mais qu’en rapprochant et comparant les narrations qui nous en ont