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VI. — L’Auto-éducation.


Quand nous quittons l’école primaire, le lycée ou les écoles supérieures, pour entrer dans la vie, nous pouvons dire sans rien exagérer que notre éducation commence. Nous voulons parler de l’éducation vraie, celle que nous nous donnerons à nous-mêmes avec le concours des faits de la vie. Cette Auto-éducation, pour tout être humain digne de ce nom, se poursuit jusqu’à la mort et ne cesse de produire son effet à tout instant.

Suivant la très juste expression de Spencer, dans l’éducation de l’enfance et de la jeunesse, le gouvernement vient du dehors ; dans la période de l’auto-éducation, il vient du dedans.

Et comme il n’y a rien qui puisse exister cérébralement en nous sans être accepté par nous-mêmes, il s’ensuit que le but principal de l’éducation première, doit être de préparer l’auto-éducation. Alors même que le gouvernement semble venir du dehors, il doit s’attacher à rendre facile l’exercice du pouvoir pour son successeur, ce gouvernement du dedans, seul souverain légitime, puisqu’il est seul en possession de notre conscience.

Sous une autre forme, on peut dire que faire l’éducation d’un enfant, c’est faire de lui un être libre. La liberté seule lui donnera l’énergie nécessaire pour poursuivre utilement ensuite ce travail incessant sur soi-même, qui nous perfectionne et nous modifie continuellement, sans que nous puissions avoir la conscience très exacte de ces modifications.

L’auto-éducation, théoriquement comprise et définie comme nous venons de le dire, est le plus puissant facteur d’accroissement de l’être humain, en science et en conscience.

Dans la pratique des choses, et dans nos sociétés actuelles, il n’en va pas tout à fait ainsi. D’une part, la masse des prolétaires, des exploités, écrasés physiquement par un labeur quotidien excessif, est par cela même assez déprimée au physique et au moral pour