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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/29

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IX. — Conclusion actuelle.


Le titre « L’Éducation de Demain », que j’ai choisi, m’oblige à présenter quelques explications, en terminant cette étude rapide. Que veut dire ce mot « demain » ? J’entends par là ce qui succédera nécessairement à l’état de choses actuel. Ce sera peut-être dans un an, peut-être dans un siècle.

Ce que les gouvernements doivent souhaiter, s’il leur reste une parcelle quelconque de sens critique, c’est que la transformation dont il s’agit s’accomplisse dans le plus bref délai. On ne peut en effet pousser l’illusion jusqu’au point de s’imaginer que l’état social actuel soit destiné à durer. Les fissures apparaissent de toutes parts, les craquements se font entendre ; vraisemblablement, c’est sous la poussée des causes économiques et financières que se produira l’écroulement final, inévitable, un peu plus tôt, un peu plus tard ; selon qu’alors on se trouvera en face d’une masse humaine ignorante, incapable de volonté, accessible à toutes les impulsions, ou bien d’une population à l’esprit robuste, préparée par une éducation rationnelle aux luttes de la vie, la physionomie de l’événement sera fort différente. Dans le dernier cas, le passage d’un état de choses au suivant pourra se faire pacifiquement ou à peu près. Sinon, ce sera une ère de violences dont aucun des exemples du passé ne saurait nous donner une idée exacte.

En aucun cas, les dirigeants d’aujourd’hui ne sauraient prétendre à garder leurs privilèges, pas plus que les nobles de l’ancien régime ne gardèrent les leurs à la fin du xviiie siècle. Ils auraient donc tout à gagner à réparer dès maintenant les voies à une transformation des esprits qui serait une sorte de soupape de sûreté contre les accidents à prévoir.

Ceci les regarde, et nous n’y pouvons que peu. La seule chose certaine, c’est que ce qui est ne peut durer. Et la chose très probable selon moi, c’est qu’une fois la