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Page:Laisant - L’Éducation de demain.djvu/30

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crise passée, le problème de l’éducation sera résolu sous la forme que j’ai indiquée ci-dessus.

De ce que sera cette organisation sociale, en dehors de la question de l’éducation, je ne me suis pas préoccupé ; ceci est en dehors de mon sujet. Mais si je m’étais proposé d’étudier simplement une question philosophique et théorique, je serais arrivé à des conséquences beaucoup plus brèves et beaucoup plus simples. Le jour, en effet, où la terre serait peuplée d’êtres raisonnables, les enfants seraient élevés raisonnablement, d’une façon toute naturelle ; la liberté résoudrait toutes choses en s’aidant de la force que donne l’association.

Mais il serait bien chimérique de s’imaginer que la chute du système social actuel fera tout à coup luire la raison, comme par un coup de baguette magique, dans les cerveaux obscurcis qui composeront encore la plus grande partie de l’humanité. Il faudra sans doute encore bien du temps, avant qu’aux générations barbares d’aujourd’hui soit venue se substituer une humanité civilisée ; c’est ce qui nous fera passer, vraisemblablement, par des états intermédiaires où les lois, les contraintes extérieures joueront encore un rôle ; ces états ne seront pas plus insupportables que celui sous lequel nous vivons — la chose est assurément impossible — mais ils laisseront subsister des organisations collectives destinées à disparaître plus tard. C’est pourquoi j’ai ajouté à cette conclusion l’épithète « provisoire ».

Il est bien des points que j’ai dû laisser dans l’ombre. Il en est un cependant, que je ne veux passer entièrement sous silence, et dont je dirai quelques mots seulement en terminant cette étude. C’est celui de l’égalité des sexes devant l’éducation, et, comme conséquence, de la co-éducation.

Dans tout système rationnel et humain, la co-éducation s’impose ; elle seule est morale ; elle seule peut former des êtres humains sachant se respecter mutuellement, ayant de part et d’autre la conscience de leur dignité et de leur souveraineté sur eux-mêmes. Seul le fanatisme des abominables religions de haine et de mort a pu empoisonner notre éducation de l’odieux préjugé sexuel. Dans l’éducation professionnelle seule, la sépa-