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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/331

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souvenirs

naient à cette sorte de magie le nom de théurgie. L’art de la théurgie pouvait aussi forcer les dieux à exaucer certaines prières, à obéir, en un mot, à la voix de l’homme. Le ton vif et pressant des hymnes d’Orphée leur donnait, au sentiment des Grecs et des Romains, un caractère tout à fait théurgique. Cette science occulte se pratiquait également dans l’ancienne Perse. — « De la doctrine des mages, dit Creuzer[1], sortit cette croyance superstitieuse qui donne à la prière le pouvoir de contraindre et de lier en quelque sorte les dieux et les esprits. On retrouve la même superstition chez les Chaldéens et chez beaucoup d’autres peuples. De là ces formules mystérieuses et purement magiques qu’on rapportait aux dieux eux-mêmes, et qui balançaient leur puissance. Les Égyptiens, à ce qu’il paraît, en avaient aussi de pareilles qu’ils employaient dans des espèces de conjurations, » — Au reste, ce miracle ne se reproduisit-il pas tous les jours dans nos églises ? Chaque matin, à la voix du plus humble de nos prêtres, Dieu lui-même ne descend-il pas sur l’autel ? — « Quoique le prêtre, dit notre illustre compatriote le P. Bourdaloue, ne soit, dans le sacrifice de la messe, que le substitut de Jésus-Christ, il est certain néanmoins que Jésus-Christ se soumet à lui, qu’il s’y assujettit, et lui rend tous les jours sur nos autels, la plus prompte et la plus exacte obéissance. Si la foi ne nous enseignait ces vérités, pourrions-nous penser qu’un homme pût jamais atteindre à une telle élévation et être revêtu d’un caractère qui le mît en état, si je l’ose dire, de commander à son souverain seigneur et de le faire descendre du ciel ? »

Le secret fait ordinairement partie, et, la plupart du temps, est le lot le plus précieux de l’héritage paternel. Il passe de père en fils, et toujours du père à l’aîné des enfants. En dehors de la famille, le panseux ne peut apprendre son

  1. Symbolique, t. I, p. 83.