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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/93

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nous entrevoyions le rocher de Québec, sur lequel, paraît-il, maints écrivains ont brisé leur plume, en essayant de le décrire. Il se dégage tant de grandeur du passé glorieux dont il reste le témoin impérissable !

Un arrêt de quinze minutes à Lévis me permit de contempler ce panorama unique au monde. Ah ! je comprends mieux, maintenant, pourquoi les Français qui visitent Québec ne peuvent, après le premier cri d’admiration, s’empêcher de laisser tomber des paroles de regrets qui, comme des gouttes de sang, s’échappent de leur cœur !

Une nouvelle locomotive attelée au train rapide m’arracha trop tôt à ma contemplation. Je continuai à méditer, néanmoins, sur l’imprévoyance de ce Louis XV qui, en négligeant presque totalement la défense de la Nouvelle-France, perdit ici un immense empire.

Je fermai les yeux devant la monotonie du paysage que parcourait, en ce moment, à une allure endiablée, le convoi qui nous emmenait dans la métropole, et je m’assoupis. J’avais bien besoin de sommeil, après la nuit d’insomnie que j’avais passée. Je m’endormis en pensant à Allie et en repassant dans ma mémoire sa triste odyssée.

Je m’éveillai à Saint-Hyacinthe, juste à temps pour entrevoir, à travers l’épais feuillage, la coupole du séminaire et le clocher de la