Aller au contenu

Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 93 —

maison mère des religieuses de la Présentation de Marie.

Le train dévalait maintenant dans la fertile vallée du Richelieu. Le majestueux mont Belœil reporta pour un moment ma pensée vers mon pays d’adoption. Cette élévation me rappelait, par certains aspects, le mont Table, à Capetown.

À cinq heures précises, nous entrions à la gare Bonaventure. Une bicoque, reste d’un édifice jadis imposant rasé par le feu, servait de gare. Une foule énervée y attendait l’arrivée des trains, qui se succédaient à intervalles rapprochés.

Je saisis immédiatement le caractère cosmopolite de ce Montréal nouveau. Des Juifs et des Juives, toujours si encombrants partout où ils se trouvent, formaient des groupes d’hommes et de femmes qui gesticulaient et remplissaient l’air de leur parler guttural et saturaient l’atmosphère d’une exhalaison prononcée d’ail.

Dédaignant les nombreux taxis qui se succédaient sous le porche de la gare et dans lesquels s’engouffraient les voyageurs harassés de fatigue et heureux de réintégrer au plus tôt leurs foyers, je hélai un cocher de fiacre. Celui-ci, tout réjoui de l’aubaine, me conduisit à l’hôtel Windsor, que je trouvai rempli de touristes américains.

La prospérité, si l’on peut qualifier ainsi cette ère de folie qui déferla sur le monde à