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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/95

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cette époque, était à son point culminant. Un brouhaha indescriptible régnait dans cet hôtel, autrefois si paisible, et j’eus de la peine à me frayer un passage pour me rendre au comptoir.

— Je désire une chambre, dis-je au commis.

Mr. Lachambre. Wait till I see if he is here.

— Vous dites ?

There is no Mr. Lachambre here !

Je ne pouvais en croire mes oreilles ! Je venais de lire sur un panneau-réclame : « Montréal, deuxième ville française du monde. » Quelle ironie !

Force me fut donc de m’adresser en anglais à cet unilingue, à qui je ne cachai pas ma façon de penser. Il m’expliqua qu’il remplaçait le commis régulier qui était, disait-il, un parfait bilingue. Mais il prit soin d’ajouter que le français n’était pas très nécessaire, la plupart des Canadiens-Français s’adressant toujours en anglais au comptoir.

À cause de l’affluence des touristes, je ne pus avoir ma chambre qu’à six heures. Ce contretemps me laissait à peine le temps de me changer d’habit pour le banquet, qui devait avoir lieu à sept heures, à l’hôtel du Plateau.

Mes amis m’attendaient avec anxiété, postés en face de l’hôtel. Grande fut leur joie quand je descendis du taxi. Ils entonnèrent le refrain si connu : Il a gagné ses épaulettes… Après de vigoureuses poignées de mains, nous fûmes in-