chauffeur était depuis huit heures à la porte, attendant le signal d’aller à la rencontre du train qui n’entrait en gare de Chicoutimi qu’à neuf heures.
À peine le train fut-il entré que Monsieur et Madame Drassel nerveux se rencontrèrent sur le portique de la porte cochère.
— Et que fais-tu ici ? demanda un peu gêné Monsieur Drassel à son épouse.
— Peut-être ce que tu fais toi-même, répondit en riant Madame Drassel.
— En effet, dit-il, je crois que nous nous devinons tous les deux. Vois-tu, c’est une époque, dans la vie d’une jeune fille, que sa graduation. Nous aurions dû nous rendre à Coaticook pour la circonstance !
— Il est trop tard pour le regretter, Hugh ! D’ailleurs il vaut mieux qu’il en soit ainsi. Elle a dû en éprouver une petite contrariété : ça l’habituera aux épreuves de la vie. Elle a vu elle-même à son transport et, tu sais, c’est commode de savoir se débrouiller dans la vie.
— Ah ! ce n’est pas que j’aie des inquiétudes sur son avenir ; j’y ai pourvu. J’ai confié à une compagnie de fiducie une somme suffisante pour assurer son confort.
— Oh ! Oh ! Tu ne m’avais pas dit ? De combien la dotes-tu ?
— Dix millions de dollars… et naturellement… quand nous serons disparus tous les deux, elle héritera de la fortune.