c’était une satisfaction donnée, d’une part, à l’imagination qui nous dépeint le bonheur comme reculant toujours devant nous, et d’autre part au meilleur de nos sentiments altruistes, le désir de revivre avec les personnes aimées ; cet espoir entre sans doute pour beaucoup, même aujourd’hui, dans notre foi à l’immortalité. Les peuples primitifs espéraient des séjours fortunés, des pays de chasses, des jardins délicieux. Telle était la croyance des Ariahs Védiques, des Peaux-Rouges etc. ; elle ne reposait nullement sur l’idée de la rétribution des œuvres.
Cette dernière idée n’a pu provenir que de deux sources : l’une essentiellement pure, la croyance à un dieu unique, providence et justice ; l’autre infiniment moins recommandable, la pensée d’une nécessité politique et sociale. Comme, en dehors de la révélation, la doctrine de la Providence n’a pas été formulée nettement avant Socrate, c’est à la seconde source qu’il faut faire remonter l’institution de la vie future comme sanction de la moralité et comme moyen de récompense et surtout de punition. J’ai employé le mot « Institution » car la vie future entre dans le code pénal des peuples de l’Orient imbus de ce dogme et ce sont les articles de ce code qui s’y rapportent qui ont laissé la plus forte empreinte sur leur esprit. Les peines de la vie future, que les Védas ne mentionnent même pas, remplissent les Lois de Manou, œuvre essentiellement politique et sacerdotale, et ces lois édictent pour chaque faute une punition avant et après la tombe. La Grèce reçut de l’Inde ce dogme que nous trouvons affaibli