Page:Lamairesse - L’Évolution religieuse et le bouddhisme.djvu/19

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c’est ainsi que les lois de Manou sont remplies de dispositions iniques et mêmes immorales.

D’un autre côté, les prêtres ou ascètes pourvus de loisirs par la libéralité des princes et des peuples consacrèrent à l’étude une vie exempte de soucis et de périls et creusèrent profondément les questions philosophiques et théosophiques. De cette élaboration naquirent le Panthéisme des Brahmes, le Mazdéisme, et les Sacra d’Égypte, la religion des Mystères ; toutes ces religions, en conservant les croyances populaires aux génies et aux déités secondaires, aboutissaient, quoique avec des principes différents, à la reconnaissance sinon d’un dieu unique, au moins d’un dieu suprême ; le sentiment de l’unité du Moi devait conduire à l’unité du divin. Mais le dieu suprême des Brahmes était l’absolu, embrassant tout, enchaînant tout, confondant tout en lui-même, le fatalisme et non la providence, l’infini mathématique (l’universalité substantielle du vide) et non l’infinie perfection. D’ailleurs la doctrine des Brahmes était, comme les Sacra d’Égypte, une science fermée et non la foi populaire. Mais, par cela même, elle pouvait se rendre indépendante et devenir rationaliste. Se fondant sur la logique et non sur la foi, elle préparait l’avénement de la philosophie, ce mot étant entendu dans le sens grec, amour de la connaissance, de la σοφια, expression dont la Bodhi indienne est l’exact équivalent. Du sein même de la caste des Brahmes sortait Kapila qui intronisait la Raison, lui subordonnait la tradition et le témoignage et ne conservait des vieilles croyances que la foi dans les pouvoirs surnaturels que