Page:Lamairesse - L’Évolution religieuse et le bouddhisme.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bouddhas ; et déjà peut-être plusieurs Bouddhas avaient joué partiellement ce rôle, quand apparut un homme magnanime qui, par le sang royal, avait hérité de l’hostilité généreuse des princes contre la théocratie et, par une éducation hors ligne, avait appris qu’il fallait apporter aux peuples la morale et la miséricorde qu’on leur avait refusées. À force de cœur et de génie, il sût assumer et accomplir une mission qui, avec des commencements assez humbles, eut une action presque illimitée et fit de lui le Rédempteur humain de l’Extrême-Orient.

Il eut deux dogmes essentiels ; le premier emprunté aux Brahmes, mais purifié et rendu conforme à l’éternelle justice ; le second qui partit de son cœur, la Miséricorde, la compassion. Le premier dogme fut d’abord formulé ainsi :

« Tout acte bon ou mauvais porte en lui-même, par voie de fructification, sa récompense ou sa punition dans la vie présente ou les vies futures ». C’est la rétribution inhérente aux actes, la morale avec une sanction inévitable comme le destin. « L’homme n’arrive à la délivrance de la triple douleur, qu’après avoir acquitté sa dette morale ; lorsqu’il a acquis d’immenses mérites dans un grand nombre d’existences, il entre dans un état définitif de béatitude, à la fois omni-science et perfection absolue, appelé le Nirvâna ». C’était l’égalité de tous devant la loi morale et la vie future.

Pour faire passer cette doctrine dans les faits, il fallait remplacer la caste régnante des Brahmes par un corps