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ayant le même prestige, mais sans attaches sociales. Le prestige ne pouvait venir que de la pratique des vertus ascétiques et ce fut elle que Bouddha prit pour la base de son institution. Les religieux bouddhistes forment un corps toujours ouvert qui enseigne les fidèles surtout par l’exemple et en leur offrant un modèle à imiter. Ils doivent observer la chasteté et la pauvreté les plus absolues. Rien ne les enchaîne à la terre, car ils n’ont point de famille et ils méprisent ce triste corps. Rien ne les lie au pouvoir séculier, car en principe, ils doivent vivre de la libéralité spontanée des fidèles, se contentant du plus strict nécessaire et s’abstenant de toute sollicitation. Ils ne doivent même pas de reconnaissance pour l’aumône reçue, car celui qui la fait acquiert pour les vies futures des mérites qui le paient avec usure.

Ce fut peut-être la première solution d’un problème bien ancien et universel dont la formule moderne est celle-ci : « L’église libre dans l’état libre » ; idéal qui n’a jamais été atteint, mais qu’il est logique de poursuivre. Bouddha paraît être le premier législateur qui se le soit proposé.

Bouddha n’était point uniquement un philosophe, car il faisait dériver la morale, non de la raison pure, comme l’ont fait Confucius et Kant, mais d’un certain surnaturel, qui n’était point le divin : la transmigration et la vertu miraculeuse des œuvres saintes. Mais en basant sa doctrine sur des principes éternels, la justice, la loi du perfectionnement moral, la vie future, la miséricorde