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en Birmanie que l’institution primitive et le corps religieux se sont le mieux conservés et c’est là qu’il faut étudier l’œuvre du Bouddha, ainsi que Mgr Bigandet, évêque de Birmanie l’a fait avec tant de soin et de bonne foi. Les couvents sont des maisons d’éducation et de retraite autant que des demeures de cénobites. À Ceylan et au Tibet les religieux bouddhistes sont, de fait, enchaînés pour la vie à leur état. À Ceylan, cela provient de ce que le religieux bouddhiste qui est un homme hors caste, ne trouverait point place dans une caste honorable, s’il rentrait dans le siècle. Au Tibet, il faut l’attribuer à un développement particulier et dernier du Bouddhisme qu’on a appelé le Lamaïsme et que nous allons caractériser.

En ajoutant le principe de l’éternité de la personnalité humaine à celui de la rétribution des œuvres déjà admis par les Brahmes, le Bouddha avait déjà fait une grande révolution religieuse, car c’est à peu près uniquement dans ces deux principes que consiste ce qu’on a appelé le Bouddhisme primitif. Mais il n’y avait là que de la raison et de la moralité ; il n’y avait rien pour le sentiment religieux qui tient surtout de la faculté d’aimer. La béatitude du Nirvana dont l’amour est exclu aussi bien que la haine, serait l’enfer pour les âmes religieuses. « L’enfer, dit Sainte-Thérèse, c’est quand on cesse d’aimer. »

L’élément religieux apporté par Bouddha et qui lui est tout à fait propre est la compassion et le dévouement pour tous les êtres. La généralité de cette formule était encore une concession aux systèmes religieux et philosophiques