Page:Lamairesse - L’Évolution religieuse et le bouddhisme.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

longtemps après lui, qui’il avait eu une doctrine ésotérique, dont elles avaient hérité ; elles avaient besoin de cette thèse pour ne pas aller à l’encontre des déclarations des premiers conciles qui avaient proclamé « que toute vérité se trouve dans ce qu’a dit le Bouddha ». Quoiqu’il en soit, le plus ou moins d’élévation et de développement de l’enseignement du maître, suivant les disciples auxquels il s’adressait, devait donner naissance à deux catégories d’écoles : la première adoptant la partie la plus vulgarisée de sa prédication, se fondant presque exclusivement sur la rétribution des œuvres et conservant, avec quelques appropriations, la mythologie hindoue et en partie sa poésie ; la seconde exaltant la miséricorde, la piété et la foi, se lançant dans toutes les subtilités de la métaphysique et de la scolastique, remplaçant le brillant et poétique Panthéon Hindou par des saints, des rédempteurs, des intercesseurs en nombre infini sous les noms de Bouddha, boddhisatwas, etc., possédant des pouvoirs surnaturels en vertu de ce principe admis même par Kapila que la sainteté donne une puissance surhumaine et qu’aux grands mérites est attachée la vertu des miracles. Tout le surnaturel bouddhique déroule de ce principe et de la notion de l’infini, deux idées antérieures au Bouddha. Les saints du Bouddhisme, sont des modèles de vertu s’élevant, si l’on veut, jusqu’à l’héroïsme, mais ils sont morts pour l’imagination. Ils sont aux dieux Hindous ce que les saints du christianisme sont aux dieux d’Homère. Dante et Milton ont poétisé l’Enfer et Satan, mais ils ont échoué