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pour le Paradis. On est frappé de ce changement de ton et de couleurs dans les écrits bouddhiques, quand immédiatement après le Lalita vistara, du Bouddha encore toute imprégnée d’hindouisme, on lit le Lotus de la Bonne Loi ou Nénuphar blanc, livre canonique du grand Véhicule, c’est-à-dire de la première période du Bouddhisme transcendental. Les dieux de l’Inde n’y apparaissent plus que pour mémoire ; les Ritchis, les Arhats, les Boddhisatwas y sont en nombre infini et dans des espaces et des mondes infinis. Peut-être faut-il voir dans cette éclipse des dieux, souvent mauvais, et dans cette suprématie toujours croissante des saints et des bienfaiteurs, la continuation du triomphe attribué partout par le progrès humain au principe du bien sur celui du mal et sous une autre forme la défaite d’Arhiman par Ormuzd. Bientôt le pâle Nirvâna sera remplacé par le ciel d’Occident, paradis d’Amitaba ou du Bouddha préexistant et on arrivera au Tibet et en Chine, par le développement naturel des idées et des sentiments altruistes et des idées sur le surnaturel et sur l’infini, à une religion qui renferme une grande partie des croyances et des pratiques chrétiennes, et des cérémonies fort semblables à celles du catholicisme.

La conclusion des religions d’origine Aryenne de l’Orient semble un prélude ou un reflet de la grande religion des Aryens de l’Occident.

Ces évolutions et cette conclusion se trouvaient en germe dans l’enseignement et la vie du Bouddha