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dhisme ; il n’y a de surnaturel que l’intervention assez rare de ces divinités et la faculté de faire des miracles attribuée à Gautama et aux Arhats ses premiers disciples ; la magie en est absolument absente.

Au contraire les Suttras développés renferment tout ce qu’on peut imaginer d’immense dans le temps et dans l’espace, et, comme les Indiens conçoivent une infinité d’univers, ils augmentent à l’infini le nombre des Bouddhas et des Bodhisattvas qui coexistent dans le même temps. Par un simple acte de leur puissance surnaturelle, les Bodhisattvas se transportent pour entendre les prédications de tel ou tel de ces nombreux Bouddhas. Ils remplacent en partie, mais sans aucun avantage au point de vue de la grâce poétique les dieux Hindous qui figurent dans les Suttras simples ; il faut considérer ces fictions qui ne tiennent par aucun lien nécessaire au Bouddhisme, comme des excroissances tout aussi innocentes que certaines fantaisies anciennes et modernes sur les habitants de la Lune et des autres astres.

Les Suttras ordinaires paraissent dictés par des contemporains du maître et reproduire fidèlement la forme et les circonstances de son enseignement ; ils portent les traces de la lutte et du prosélytisme et ont, surtout ceux du Divya Avadana, une couleur toute locale.

Par eux, nous assistons à la naissance et aux premiers développements du Bouddhisme. Ils nous montrent la société dans laquelle prêchait le Bouddha comme profondément corrompue, ce qui est conforme au tableau que nous avons tracé de l’Inde au moment de la venue du Bouddha. La métaphysique occupe dans sa prédication beaucoup moins de place que les vertus morales, au premier rang desquelles figurent la charité sous le nom de compassion, la patience et la chasteté. Les Suttras ordinaires et les légendes de la même époque y reviennent sans cesse.

Tel était donc le Bouddhisme primitif, tel on le retrouve à Ceylan et en Birmanie, tel nous l’avons présenté dans la vie du Bouddha.

La Loi n’est pas dans ces premiers écrits et, par conséquent, n’a pas été dans les prédications du Bouddha, exposée dogmatiquement : elle y est souvent présentée d’une manière vague et plutôt dans ses applications que dans ses principes. Les légendes que Bouddha raconte de