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térieure à celle des 4 vérités et apparaît en même temps que les Pratyeka Bouddas, ou, ce qui est probablement la même chose, que l’École des Pratéyéka Bouddas, école de contemplatifs (Prateya isolé, solitaire). Ce qui le prouve, c’est que les douze Nidanas ne paraissent pas dans la Collection des livres sacrés traduits au Thibet où ils furent apportés du Kachemir devenu l’asile des Staviras qui s’en tenaient aux quatre vérités.

On peut admettre que la dénomination de Prateyéka cache l’École des Vaïbachikas qui s’est rattachée au petit véhicule et en forme la seconde période (moyen véhicule). Les Çravakas, à leur tour, se sont, ainsi que les Staviras, rattachés au Petit-Véhicule dont les Çaoutantrikas ou Suttavadas forment la première période.

Ceux-ci admettaient la perception comme une source de certitude et la réalité du monde extérieur formé de monades. La monade était la 2401e partie de la pointe d’un cheveu et la 7e partie d’un atome.

Les Vaïbachicas reconnaissaient comme réelles les 48 modes d’apparition de l’âme, c’est-à-dire 48 modes dont l’âme peut être affectée.

Un ouvrage du Grand Véhicule taxe les Vaïbachicas de rester aux plus bas degrés de la spéculation, de prendre dans les écrits tout dans le sens terre-à-terre, de croire tout sans rien discuter. Pourtant ils avaient leur Abidarma et les noms des sectes indiquent que, dans la controverse, ils affectionnaient le dilemme. Ils ne formaient d’abord qu’une seule école avec les Çaoutantrikas et ne se sont séparés d’eux que lorsqu’ils ont commencé à attacher la même importance aux Abidarma qu’aux anciens Soutras, sans doute dans le second siècle de l’ère bouddhique.

Eugène Burnouf cite un passage remarquable de Yaçoumitra, commentateur de l’ancienne école métaphysique bouddhiste :

« Les êtres ne sont créés ni par Dieu, ni par l’esprit, ni par la matière.

« Si en effet Dieu était la cause unique, il faudrait, par le seul fait de cette unité de cause, que le monde eût été créé d’une seule fois, car on ne peut admettre que la cause soit, sans que son effet existe. Mais on voit les êtres venir successivement, les uns d’une matrice, les autres d’un bouton ; on doit donc admettre qu’il y a une succes-