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tions de l’Écliptique. La prédication de Bénarès est le passage du soleil au méridien ; tous les actes de sa vie sont des phénomènes célestes.

Les quatre vérités sublimes sont les quatre saisons ; les douze Nidanas sont les douze mois etc.

Le Bouddhisme est simplement un ordre religieux qui a eu pour fondateur Bouddha et pour dieu le soleil[1].

Ainsi qu’il arrive presque toujours, Kern qui a écrit après M. Senard l’a beaucoup dépassé, car celui-ci résume ainsi son opinion :

1o Le cycle qui constitue la légende de Bouddha, l’Avidurenidanâ « qui embrasse la vie du docteur depuis sa descente du ciel jusqu’à son élévation au rang de Bouddha parfaitement accompli » est une construction mythologique, ayant des origines naturalistes.

2o La création n’en appartient pas primitivement au Bouddha ; c’est une accommodation à une secte, une version modelée par des idées nouvelles de traditions longtemps populaires et unifiées antérieurement dans le cycle religieux de Vichnou.

3o Transportée à un personnage qui a eu nécessairement, à une époque plus ou moins définie, en un lieu plus ou moins certain, une réalité historique, cette légende paraît avoir absorbé quelques souvenirs fondés en fait ; il a pu surtout se conserver parallèlement des traditions, des fragments de traditions ayant ce caractère. Mais elle n’a pas été formée après coup par les Bouddhistes ; elle appartient aux stratifications les plus primitives du Bouddhisme. J’ai démontré qu’il est impossible de ramener plus bas que le 3e siècle avant Jésus-Christ la constitution de la Légende de Bouddha, et il est, selon moi, fort probable qu’il faut la faire remonter encore plus haut. Son appro-

  1. Comme beaucoup d’ordres religieux semblables existaient, Kern en conclut que le Bouddhisme ne fut qu’une forme de Yoguisme. Il établit en effet d’une manière neuve et intéressante qu’il y a de nombreux rapports entre le Yoga et le Bouddhisme. Mais cela prouve peu : car on trouve tout dans le Yoga ; Schwœbel dit : La philosophie contenue dans le Yoga çastra de Patanjali (six livres de Sutras) est encyclopédique. La spéculation transcendante, l’illuminisme mystique, la religion positive et pratique, la morale et la psychologie y sont formulés comme autant de moyens pour acquérir la science de Brahma par l’absorption dans le Yoga.