Page:Lamairesse - La Vie du Bouddha, suivie du Bouddhisme dans l’Indo-Chine.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 193 —

se rendit à Nalanda, lieu de sa naissance, pour convertir sa mère. C’était un village de Brahmes situé sur l’emplacement actuel de la ville de Baragaon à 12 kilomètres environ de Radzagio. C’était le siège d’une espèce d’Académie où les lettrés de Radzagio se donnaient rendez-vous pour discourir sur des sujets moraux et philosophiques. Il y avait aussi près d’un étang un magnifique jardin de manguiers où Bouddha avait, pendant 3 mois, enseigné la loi à 500 marchands de Radzagio, dont il a été fait mention plus haut. Ces marchands avaient acheté ensuite ce jardin et en avaient fait don à Bouddha.

Lorsque Çaripoutra eut amené sa mère à l’état de perfection de Thautapan, sûr désormais qu’elle arriverait à la délivrance finale sans renaissances redoutables, il se coucha dans la chambre où il était né, en proie à de grandes souffrances. Le lendemain on le revêtit de son tsiwaram et on l’allongea sur le côté droit. Il entra en extase, et passa successivement par les quatre états de contemplation. Enfin il plongea dans l’heureux état de Neibban.

On lui fit de splendides funérailles suivant le mode bouddhiste. Pendant les 17 jours qui précédèrent la crémation, ce ne furent que réjouissances, danses, et divertissemens de toute sorte, en l’honneur du défunt. Toute la nuit où eut lieu la cérémonie de la crémation, il y eut prédication de la Loi. Ayant réuni les reliques, Bouddha dit : « Toute la sagesse de l’univers ne vaut pas celle de Çaripoutra. » Puis il fit devant les Rahans rassemblés l’éloge funèbre en 500 stances qui ont été conservées.

Par l’ordre exprès de Bouddha, il n’y avait eu à ces funérailles que des manifestations de joie ; il gronda même Ananda pour avoir pleuré tendrement le défunt. « La séparation momentanée d’avec les amis par la distance ou la mort, lui dit-il, ne doit point nous causer un violent chagrin. C’est une nécessité qu’il faut savoir subir courageusement en pensant à la béatitude du Nirvana, récompense des Parfaits. On éleva à Nandala un magnifique Stoupa ou dzedi[1] pour recevoir les reliques du grand disciple.

  1. Voir la description de ce genre d’édifice au Chapitre du Bouddhisme en Birmanie.