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L’ayant ainsi persuadé, Bouddha le fit de suite ordonner, pour ne pas le laisser retomber dans ses fluctuations. C’est le procédé que nous lui avons vu constamment employer vis-à-vis les sujets d’élite qu’il avait entraînés plutôt que convaincus. Il savait qu’une fois entré dans le courant, on n’en sortait presque jamais[1].

8. Après minuit, Bouddha dit aux disciples assemblés ; « quand j’aurai disparu de l’état d’existence, ne croyez pas que le Bouddha ait cessé d’habiter parmi vous. Je serai avec vous par les instructions (Sutras) que je vous ai laissées et que vous avez gravées dans vos mémoires, et par la discipline et les règles du Vini. Après moi elles seront votre guide ; avec elles je resterai au milieu de vous. »

Il leur prescrivit ensuite les respects que les Rahans devraient se rendre entre eux, établissant ainsi une hiérarchie de déférence. « Que les inférieurs donnent aux supérieurs le titre de : Vénérable. « Qu’un Rahan indiscret ou irréfléchi dans ses discours reçoive la punition de Brahma ; c’est-à-dire que les autres Rahans s’abstiennent de lui parler ou même de le gronder. »

Puis il dit à tous les Rahans rassemblés : « si quelqu’un de vous a des doutes au sujet des trois choses précieuses, des voies de la perfection et de la pratique des vertus, qu’il me les fasse connaître, afin que je puisse les éclaircir ». Il répéta jusqu’à trois fois cette invitation et, les Rahans étant restés silencieux, il ajouta : Mes Bicksous bien aimés, si ma mémoire vous est chère, communiquez aux Rahans que vous rencontrerez plus tard vos bonnes dispositions pour ma personne et mes doctrines. Je savais bien que l’âme d’un Rahan est fermée au doute et à l’erreur, car tout Rahan est au moins un Thautapan, et comme tel, il n’existe en lui aucun démérite qui puisse le conduire à un état de châtiment. Il est sur la première voie de la perfection et il progresse constamment dans les trois voies supérieures.

Après une courte pose, Bouddha prononça ces dernières paroles :

  1. On voit dans la vie du père Olivaint, que c’était aussi le procédé de Lacordaire. Olivaint était un élève de l’École Normale rempli de doutes. Lacordaire l’entraîna à se confesser et toutes ses hésitations cessèrent ensuite.