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son royaume, ériger des statues de Bouddha et construire des Stoupas ou Dzeddis près des monastères pour recevoir les reliques. La dédicace et le transport des reliques eurent lieu en l’an 223 de l’ère bouddhiste.

10. Résumé de la vie du Bouddha.

La douleur régnait sans partage dans l’Inde : sur la multitude servile que la superstition et la désolante loi de Manou ravalaient au-dessous de la brute ; sur les Vessiahs, corps primitif de la nation Aryenne conquérante, dépouillés de tous droits ; sur les {{lang|sa-Latn|Kchattrias frappés ou menacés d’extermination partout où ils voulaient être autre chose que le bras de la théocratie ; enfin sur les Brahmes eux-mêmes dont la jeunesse était comprimée par les règles atrofiantes du Brahmatcharisme et la vieillesse condamnée à un ascétisme extravagant et impitoyable, véritable suicide religieux. Ajoutez à tous ces maux une nature écrasante et un climat accablant qui est une souffrance de tous les instants.

Le pessimisme était partout, l’aspiration de tous était : la délivrance de la douleur. Ce fut l’objectif de Kapila. Brahme lui-même[, il] ne pouvait être qu’un chef d’école philosophique ; mais il prépara une révolution sociale, la venue d’un rénovateur, c’est-à-dire, pour les Indiens, d’un Bouddha ayant mission d’éclairer et de délivrer.

Né au berceau de la philosophie Sankya, dans une famille de rois gourous, c’est-à-dire investis de l’autorité religieuse bien qu’appartenant à la caste des Kchattrias, Gautama résumait toutes les revendications, toutes les aspirations de l’époque ; sa situation, son éducation, son génie, l’appelaient au rôle d’un réformateur des mœurs et des lois qui changerait les conditions de la société hindoue. Ce fut là en effet le premier but qu’il se proposa.

Mais il y avait en lui plus que le génie d’un législateur, d’un Solon, d’un Confucius ; il y avait la grandeur d’âme incomparable, la bonté infinie d’un sauveur. C’est le caractère qui apparaît et s’accentue de plus en plus à mesure qu’il avance dans sa carrière et qui fit de lui, bien que sa religion ait été étouffée dans l’Inde son berceau, le régénérateur de l’Extrême-Orient. C’est aussi ce caractère qui nous donne la clef de tout le développement historique du Bouddhisme dans ses phases diverses et opposées, au moins en apparence.