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sur les œuvres extérieures ; c’est la graduation de l’enseignement et de l’obligation morale, suivant l’avancement et les facultés des personnes et une graduation correspondante dans les séjours des êtres après celui de l’homme dans le siège d’épreuve ; ce sont, outre des transmigrations heureuses et malheureuses, des purgatoires bouddhiques semblables aux cercles du Dante, des séjours de bonheur passionné, commençant au paradis de Mahomet et s’élevant graduellement au-dessus des sens, puis des séjours de bonheur immatériel avec la forme, puis les sièges d’un monde sans forme dont le couronnement est le Nirvana, ou l’individu sorti du tourbillon des existences, omni-science, spiritualité absolue.

Bouddha laisse au cadre de sa Loi qui est toute morale, assez de jeu pour qu’elle puisse, sans altération des grandes lignes, se plier et s’accommoder à la diversité des lieux, des temps, des races et même des diverses croyances au surnaturel.

Au point de départ, lorsque à l’âge de 35 ans, il se déclare un Bouddha, la bonne nouvelle qu’il annonce d’abord à Bénarès est d'une simplicité singulière ; ce sont les quatre vérités sublimes sur la douleur, exprimées chacune par deux ou trois mots et les huit chemins de la perfection : « Venez à moi vous tous qui souffrez, je vous apporte la délivrance ; avec ma Loi vous sortirez du tourbillon des existences, pour entrer dans le Nirvana où vous ne serez sujets ni au changement, ni aux renaissances » de la foule des convertis il fait le troupeau des simples fidèles, Oupsakas ; avec l’élite, il forme le corps des Rahans, membres de l’assemblée, de manière à réaliser de suite la trinité des joyaux bouddhiques : Bouddha, la Loi et l’assemblée des Parfaits. Tout d’abord, il emprunte cette élite exclusivement aux castes ariennes, afin de donner au corps religieux, au début, toute la valeur et le prestige possibles ; il accepte pour ce corps toutes les libéralités, et l’établit solidement sur le sol par la fondation des Viharas bouddhistes, lieux à la fois de retraite et d’étude où il achève la préparation de ceux de ses religieux dont la vocation et l’instruction ne sont qu’ébauchées. Ce procédé lui permet d’admettre dans l’Assemblée, sans stage préliminaire, avec de hauts grades et des promesses sans limites pour la vie future, tous les personnages