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qu’il lui importe de s’attacher : pour leur science comme les trois Katthabas, pour leur pouvoir comme le roi Pimpiçara, ou enfin pour leur fortune, comme le richissime Anatapein. Par ce moyen, par la connaissance qu’il prétend avoir des vies antérieures de chacun, et par une certaine mise en scène pour faire ressortir le nombre et la haute valeur des membres de l’Assemblée, Bouddha fait de très rapides progrès et s’attache, outre les Ascètes, les Princes, les Kchattryas, les Vessiahs et une grande partie des Pounhas, c’est-à-dire des Brahmes du commun vivant de leur travail, principalement de celui des champs. Une querelle qu’il apaise entre deux petits états voisins lui donne l’occasion d’affirmer le caractère essentiellement pacifique du Bouddhisme, tel qu’on le rencontre encore aujourd’hui.

À partir de ce moment, son prestige est devenu si grand qu’il peut tout oser, tout entreprendre contre la théocratie et les préjugés. Il commence par le relèvement de la femme.

Reçu triomphalement par ses disciples à sa descente du ciel du Thucita (séjour de joie) où il est allé donner à sa mère l’enseignement de la Loi et la délivrance, il leur répète sous toutes les formes que le plus sacré et le plus obligatoire des sentiments est la piété filiale envers la mère et que l’oubli de ce devoir est puni des peines les plus terribles dans les enfers. Aujourd’hui cette vertu est la plus forte des Bouddhistes ; la femme bouddhiste est libre, respectée et presque l’égale de son mari.

Enfin, après une longue résistance, Bouddha autorise les femmes à se faire religieuses.

Voyant les aumônes se détourner d’eux et la source des profits du culte se tarir, les Brahmes calomnient et persécutent le Bouddha et ses religieux. Ceux-ci se découragent et veulent déserter l’état de Tavatie et porter ailleurs la prédication. Bouddha leur apprend par son exemple qu’il ne faut jamais fuir devant la persécution ; il accentue son enseignement de plus en plus dans le sens de l’égalité pour tous et d’une compassion sans limites pour les malheureux. Il définit le renoncement : « l’abandon de tout ce qu’on possède pour les besoins des nécessiteux ou des religieux » et en fait une vertu obligatoire au même degré que la piété filiale envers la mère. Il ajoute