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enseignante et modèle, poursuivant sous l’habit religieux la perfection et la fin la plus haute ; la classe enseignée ayant des obligations et des aspirations d’un ordre inférieur, en rapport avec sa faiblesse morale et spirituelle.

3o Le passage d’une classe à l’autre abandonné à la conscience de chaque fidèle d’après le sentiment qu’il a de sa faiblesse ou de sa force.

Cette division des hommes en deux classes, les forts et les faibles, se trouve partout dans l’antiquité et se prolonge dans les temps modernes jusqu’à l’abolition de l’esclavage et du servage.

À la 1re classe appartenaient :

Dans l’Inde, les 3 castes d’origine Arienne ; dans la Chine, les mandarins et les lettrés ; en Occident, dans l’ordre moral, les philosophes et les Initiés ; dans l’ordre politique et social ceux qui portaient les armes, citoyens ou nobles.

Le reste, c’était la multitude, vilis multitudo. La gloire du Bouddha, c’est d’avoir pris pour base de la division, entre les hommes non la naissance comme l’avaient fait les Brahmes, mais la perfection morale et la pratique d’une haute vertu, ouverte à tous à toute époque de la vie.

L’honneur plus grand encore du christianisme et des institutions modernes, c’est d’avoir effacé toute démarcation, même celle de la bourgeoisie et du prolétariat.

Mais à cet égard, le Bouddhisme a tellement approché du christianisme que les chrétiens éminents tels que le directeur de l’instruction publique à Rangoon cité par Max Muller, et Monseigneur Bigandet qui l’ont étudié pendant longtemps en Birmanie, n’ont pu se défendre pour lui d’un vif sentiment de sympathie qui se fait jour dans leurs appréciations. Les travaux de ce savant Évêque qui a consacré sa vie à cette contrée lointaine, fort estimés de tous les Orientalistes, nous permettent de bien apprécier le vrai caractère du Bouddhisme à sa naissance et les résultats qu’il devait produire et qu’il a produits dans les pays où, par exception, il n’a pas été dévié soit par des obstacles, soit par excès de prospérité. Nous avons emprunté surtout à ses communications et à ses écrits les renseignements qui suivent :