Aller au contenu

Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’ensemble des parties qui le composent ; par rechercher quelle est sa nature et son origine, quels sont ses rapports avec les autres objets connus ; en un mot par le considérer sous tous les points de vue qui peuvent nous éclairer sur toutes les généralités qui le concernent. On divise ensuite l’objet dont il s’agit en ses parties principales pour les étudier et les considérer séparément sous tous les points de vue qui peuvent nous instruire à leur égard  ; et en continuant ainsi à diviser et à sous-diviser ses parties que l’on examine successivement, on pénètre jusqu’aux plus petites, dont on recherche les particularités ne négligeant pas les moindres détails.

C’est par cette voie seule que l’intelligence humaine peut acquérir les connoissances les plus vastes, les plus solides et les mieux liées entr’elles dans quelque science que ce soit, et c’est uniquement par cette méthode d’analyse, que toutes les sciences font de véritables progrès, et que les objets qui s’y rapportent ne sont jamais confonds et peuvent être connus parfaitement.

Malheureusement on n’est pas dans l’usage de suivre cette méthode en étudiant l’histoire naturelle. La nécessité de bien observer les objets particuliers pour les connoître, a fait croire qu’il fallait commencer l’étude par considérer uniquement ces objets dans leurs plus petits détails, et à la fin ils sont devenus non-seulement le sujet principal, mais même le but entier de l’étude. On se borne à n’y voir et à n’y rechercher que leur forme, leur dimension, leurs parties externes mêmes les plus petites, leurs couleurs, &c.  : en sorte que parmi ceux qui se livrent à une pareille étude, rarement s’en trouve t-il un qui ait le courage, je dis plus, qui daigne s’élever à quelque considération supérieure et rechercher quelle est la nature des objets dont il s’occupe, quelles sont les causes de modification et de variation auxquelles ils sont tous assujettis, quels sont les rapports de ces objets entr’eux et avec tous les autres que l’on connoît, &c.

Or, comme on veut tracer la marche de la nature avant de l’avoir observée, delà vient que nous remarquons tant de divergence dans ce qui est enseigné à cet égard, soit dans les ouvrages d’histoire naturelle soit ailleurs ; delà vient encore que ceux qui ne se sont livrés qu’à l’étude des espèces ne saisissent que très-difficilement les rapports généraux entre les objets, n’apperçoivent nulle part le plan de la nature, ne reconnoissent aucune de ses loix, et qu’enfin habitués à ne s’occuper que de menus détails, ils se laissent facilement abuser par les systêmes arbitraires qu’on publie tous les jours sur les diverses