Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/23

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nécessairement à l’extrémité opposée, les animaux les plus simples en organisation, en un mot, les plus imparfaits qui puissent se trouver dans la nature.

Cette admirable dégradation dans la composition de l’organisation des animaux, et cette diminution progressive dans le nombre des facultés animales, sont bien dignes de fixer votre attention dans le cours de vos études ; car vous sentez qu’elles conduisent au terme, en quelque sorte, inconcevable de l’animalisation, c’est-à-dire à celui où sont placés les animaux les plus simplement organisés, en un mot, où se trouvent ceux qu’on soupçonne à peine doués de l’animalité, qui en sont vraisemblablement les premières ébauches.

Vous connoissez les conséquences importantes que j’ai tirées de cette grande considération (je les ai publiées dans mes Recherches sur l’organisation des corps vivans) ; et dans notre dernière séance, je vous en ai exposé quelques autres qui en dérivent et qui n’ont pas moins d’importance. Vous avez vu qu’elles sont susceptibles de fixer vos idées sur ce qu’on nomme espèce parmi les corps qui jouissent de la vie, et sur la manière dont, à l’aide du mouvement des fluides, les divers organes des corps vivans ont dû se former et se développer successivement dans le tissu cellulaire. Enfin, je vous ai fait remarquer que ce tissu cellulaire est la gangue universelle ou la matrice de tout systême d’organisation, et qu’il enveloppe effectivement toute espèce d’organe.

Je serai suffisamment entendu à cet égard, par ceux d’entre vous qui ont beaucoup disséqué, et qui savent que les membranes qui forment les enveloppes du cerveau, des nerfs, des vaisseaux, des glandes, des viscères, des muscles et de leurs fibres ; que la peau même du corps, sont généralement des productions du tissu cellulaire.

Je n’ai pas besoin de vous faire sentir que dans diverses parties de son intérieur, le tissu cellulaire s’étant trouvé resserré latéralement par les fluides en mouvement qui s’y ouvroient un passage, a été affaissé sur lui-même, comprimé et transformé autour de ces masses courantes de fluide, en membranes enveloppantes ; et qu’à l’extérieur étant sans cesse comprimé par la pression des fluides environnans (soit les eaux, soit les fluides atmosphériques), et modifié par des impressions externes, ce même tissu cellulaire a formé cette enveloppe générale du corps qu’on nomme peau.