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Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/366

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je viens de parler, on peut aisément se figurer quel énorme ascendant doit avoir le champ de l’imagination, qui fournit des pensées, des opinions et des illusions si agréables, sur la raison, toujours sévère et inflexible, en un mot, sur ce champ des réalités qui trace partout des limites à la pensée, et qui n’admet d’autre instrument de culture que l’observation, et d’autre guide, dans le travail, que la raison même, qui n’est autre que le fruit de l’expérience.

Pour le naturaliste qui s’interdit lui-même l’entrée dans le champ de l’imagination, perce qu’il ne se confie qu’aux faits qu’il peut observer ; non-seulement il examine tout ce qui l’environne, distingue, caractérise et classe tous les objets qu’il aperçoit, et signale tout ce qui lui paraît pouvoir être utile à ses semblables ; mais, en outre, il considère la nature elle-même, épie sa marche, étudie ses lois, ses actes, ses moyens, et s’efforce de la connaître. Enfin, contemplant la très-petite portion de l’univers qu’il aperçoit, il se fait une simple idée de son existence, sans entreprendre de savoir ou de déterminer ce qui compose son ensemble ; et comparant ensuite cet univers physique à la nature, à cette puissance toujours active qui produit tant de choses, tant de phénomènes admirables, il remarque que l’un et l’autre jouissent seuls d’une stabilité qui parait être absolue, et conçoit quelle doit l’être.

Ayant déterminé ce que peut être la nature, ainsi