réel dans l’état de leurs parties, comparées à celles des animaux de la race dont ils proviennent.
Qui ne sait que tel oiseau de nos climats, que nous élevons dans une cage, et qui y vit cinq ou six années de suite, étant après cela replacé dans la nature, c’est-à-dire, rendu à la liberté, n’est plus alors en état de voler comme ses semblables qui ont toujours été libres ? Le léger changement de circonstance opéré sur cet individu, n’a fait, à la vérité, que diminuer sa faculté de voler, et, sans doute, n’a opéré aucun changement dans la forme de ses parties. Mais si une nombreuse suite de générations des individus de la même race avoit été tenue en captivité pendant une durée considérable, il n’y a nul doute que la forme même des parties de ces individus n’eût peu à peu subi des changemens notables. À plus forte raison si, au lieu d’une simple captivité constamment soutenue à leur égard, cette circonstance eût été en même temps accompagnée d’un changement de climat fort différent, et que ces individus, par degrés, eussent été habitués à d’autres sortes de nourritures, et à d’autres actions pour s’en saisir ; certes, ces circonstances réunies et devenues constantes, eussent formé insensiblement une nouvelle race alors tout-à-fait particulière.