Page:Lamarck - Philosophie zoologique 1873 tome 1.djvu/51

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unique de la chaleur et de la vie sur la terre en sont aussi convaincus l’un que l’autre. Tout organisme, pour se développer, pour vivre, pour se reproduire, exige une certaine température, supérieure à celle de la glace fondante; le degré varie, mais au-dessus et au-dessous de certaines limites, fixes pour chaque espèce, tout s’arrête, tout meurt. Comparez en imagination les régions polaires, ensevelies sous un linceul de glace qui ne laisse à découvert que de petits intervalles revêtus d’une végétation uniforme de lichens, de mousses et d’herbes rabougries, avec la végétation luxuriante des contrées intertropicales où la chaleur, la lumière et l’eau conspirent pour activer les forces vitales de la plante. Là les fougères deviennent des arbres, et les arbres des géants. Comparez encore la faune terrestre des contrées arctiques, réduite à quelques animaux de couleur terne, survivants de l’époque glaciaire, et à des oiseaux voyageurs réfugiés temporairement dans ces régions reculées, avec la faune nombreuse, variée, multicolore, qui remplit en tout temps la forêt tropicale. Vers le pôle, la vie s’éteint; elle déborde sous les tropiques. La plante même semble animée, les animaux pullulent et disputent à l’homme la possession du sol; les uns, formidables par leur taille ou les armes dont ils sont pourvus,