Page:Lamarck - Philosophie zoologique 1873 tome 1.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avortent toutes, et la feuille se réduit à un pétiole élargi, simulant les feuilles simples de nos saules indigènes.

Chez les animaux, la cause des avortements est bien plus évidente: c’est, comme Lamarck l’avait parfaitement compris, le manque d’exercice d’un organe, par suite d’un changement dans le milieu ambiant ou dans les habitudes de l’animal. Rien de plus instructif à cet égard que l’influence de la lumière sur l’organe de la vue. Un animal plongé constamment dans l’obscurité ne se dirige plus au moyen de ses yeux, mais à l’aide du tact; alors les yeux diminuent de volume, s’enfoncent dans l’orbite, sont recouverts par la peau, finissent par s’atrophier et même par disparaître. Ces dispositions se transmettent héréditairement des parents à leur progéniture, et l’on voit des espèces, munies de leurs yeux quand elles vivent à la lumière, devenir aveugles quand elles se tiennent habituellement dans l’obscurité. Ainsi, dans la taupe ordinaire, animal souterrain, l’œil étant recouvert par la peau percée d’un tout petit canal oblique, la vision doit être très-imparfaite. Deux espèces de Spalax qui habitent la Russie méridionale, le chrysochlore du Cap et le Ctenomys de l’Amérique du Sud, dont la vie est souterraine comme celle de