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-Brieuc, du 19 au 29 octobre, Melchior de Marconnay prit part aux travaux des États, mais ce fut l’évêque de Dol qui présida. Ces deux sessions, assez courtes, furent employées à signaler la détresse de la Bretagne et à diminuer les impôts[1].

En 1607, la peste reprit avec une nouvelle intensité. Cette fois, on s’aperçut qu’il y avait un évêque à Saint-Brieuc, car il fut toujours au premier rang, soit pour grouper autour de lui les principaux habitants et aviser avec eux aux mesures à prendre, soit pour bénir une maison de santé sur la côte de la Fontaine-à-Loup et visiter les pestiférés. Le sénéchal Salomon Ruffelet agit encore avec le même calme, la même intrépidité que pendant la première invasion du fléau. Quand la peste lui fut de nouveau signalée dans le quartier Saint-Michel, il s’empressa d’aller, avec quelques courageux habitants, en reconnaître les affreux symptômes. Il en décrivit la marche sur les registres de la juridiction des Regaires, y consignant les décès à la place des jugements ou, s’il rendait des sentences, c’était, cette fois, pour forcer à s’éloigner de la ville les malheureux qu’on espérait sauver. De tels hommes sont l’honneur d’une cité, et ce serait justice de consacrer par un témoignage public le nom de Ruffelet dans une ville qu’il a si vaillamment défendue[2].

Les deux exemples que nous venons de citer n’arrêtèrent pas seulement les défaillances, ils provoquèrent les dévoue-

  1. Les détails concernant ces deux sessions et celles que nous indiquerons successivement, proviennent des procès-verbaux des États de Bretagne, conservés aux archives départementales des Côtes-du-Nord et de l’Ille-et-Vilaine.
  2. Les services rendus par Salomon Ruffelet, pendant les guerres civiles, ont été rappelés en détail dans les lettres d’anoblissement qui lui furent envoyées par Louis XIII, au mois d’août 1614 Ils sont résumés dans cette phrase : « et qu’en toutes les dictes actions, il s’est non moins généreusement et noblement que fidellement comporté, ainsy qu’au reste du commancement et progrès de sa vye ; mesme en les derniers mouvemens, qu’il aurait esté contrainct absenter sa maison et se retirer en nost e ditte ville de Rennes. » Il est fait sans doute allusion ici aux troubles de 1614. Ces lettres, qui ne mentionnent que le rôle politique de Ruffelet, sont transcrites dans les Notions historiques, t. ii, p. 285.