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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/124

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C’est que, si l’histoire générale de France présente, au xviie siècle, un éclat incomparable dans presque tous les genres d’illustration, si la cour et quelques lieux choisis sont autant de phares lumineux, les habitants d’une petite ville, telle que Saint-Brieuc, privés de toute initiative, attendent, pour agir, que le mouvement leur vienne du dehors. Les bourgeois des villes, comme les hommes des campagnes, n’avaient qu’une place subordonnée dans le plan d’ensemble que Louis XIV avait conçu pour la grandeur de la France ; mais, si leur vie était obscure, elle n’en était pas moins méritoire, car ils donnaient généreusement tout ce que le roi leur demandait pour le pays.

C’est donc dans un esprit de justice que nous rappellerons, à l’honneur des habitants de Saint-Brieuc et de Plérin, un modeste fait de guerre, complètement perdu au milieu des brillantes victoires qui préparèrent le traité de Nimègue. Le 4 juin 1675, une frégate d’Ostende, poursuivant un navire marchand, vint s’échouer avec ce navire sur la grève de Roselier. Le poste n’était point armé ; mais la milice de Plérin, avertie par la cloche d’alarme, accourut sous les ordres de César Gendrot, sieur des Rosais, capitaine, et d’Yves Ruffelet, sieur de La Ville-Hellio, enseigne. Elle fut bientôt renforcée de la milice de Saint-Brieuc qui, commandée par le sieur Rouxel de Kerfichart, colonel, déboucha par le village de Sous-la-Tour avec deux pièces de canon. L’attaque fut menée vigoureusement. Les deux milices enlevèrent le navire marchand qui servait d’avant-poste aux ennemis, puis la frégate, où ils firent une résistance désespérée. On profita de cette surprise pour rappeler que, dans les dernières guerres, des écumeurs de mer, postés sous le rocher Martin, s’étaient emparés de plusieurs navires de la baie et qu’il était nécessaire d’armer la pointe de Roselier. Tout ce que la ville de Saint-Brieuc put obtenir dans le moment, ce fut six des canons du navire ennemi, que le roi lui donna, en récompense de la belle conduite de sa milice.

L’évèque Hardouin de La Hoguette, dans son court passage à Saint-Brieuc, y présida la session des États en