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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/125

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1677. Il fit, à cette occasion, dégager plusieurs rues trop encombrées de « ballets de bois » et de bancs de pierre placés au-devant des boutiques. De ce nombre était la rue au Beurre, qui reçut alors le nom de Saint-Jacques, à cause d’une statue de ce saint, apposée la maison du coin, du côté droit. On se demande quelle était, avant le xviie siècle, la largeur de cette rue où, naguère encore, les étages des maisons, en saillie les uns sur les autres, empêchaient presque d’apercevoir le ciel.

La duchesse de Chaulnes, femme du gouverneur, étant venue assister à la session, fut complimentée, suivant l’usage, par une députation des trois ordres. Les États durent s’entendre avec le duc de Chaulnes pour envoyer en cour des députés, chargés de demander le rappel du Parlement de Rennes, qui avait été transféré à Vannes, ce qui prouve que la Bretagne avait à se plaindre de coups d’autorité. La situation financière aussi devenait inquiétante. Un emprunt de 400,000 livres et un doublement de l’impôt des fouages, de plus d’un million, ne suffisaient point pour payer les dettes, d’autant plus que les États avaient voté, à cause de la guerre, un don gratuit de 3 millions. Et cependant tout cela n’était que le prélude des mesures fiscales que le pouvoir royal allait prendre, après le traité de Nimègue.

Dans la troisième période du xviie siècle, le siège de Saint-Brieuc fut occupé, de 1680 à 1705, par Marcel de Coëtlogon, d’une illustre famille de Bretagne. Il fut à la fois, a-t-on dit, grand seigneur et grand évêque. La bonté et la charité qui faisaient le fonds de son caractère se manifestèrent d’une manière touchante, après la révocation de l’édit de Nantes. Il obtint du marquis de La Coste, qui était chargé d’assurer l’exécution de cet édit, le renvoi des troupes, puis il parcourut, avec lui et quelques cavaliers seulement, les points de son diocèse habités par des protestants, n’ayant recours, à l’égard de ceux-ci, qu’à la douceur et à la persuasion. La conduite prudente de l’évêque fut plus efficace que les fameuses dragonnades du midi et amena de nombreuses conversions.