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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/136

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jambon aux habitants pour se divertir, le jour du mardi gras de chaque année, sur la place du Martray, et chaque cabaretier de la ville devait aussi apporter à la table du jambon un pot de vin ou de toute autre boisson qu’il débitait.

Les devoirs que nous venons d’énumérer à la charge des seigneurs de Boisboissel et de l’Epine-Guen sont qualifiés, dans l’aveu de 1690, de « privilèges en forme de servitude deue par nobles personnes. » On trouve étonnant, aujourd’hui, que ces devoirs aient été remplis par des nobles ; mais ces usages étaient si répandus qu’à certaines époques les nobles les revendiquaient comme des droits. Ce n’est qu’au xviiie siècle qu’ils se sont transformés sous l’influence de l’opinion publique.

Quelques redevances roturières méritent aussi d’être signalées. En 1611, Henri Compadre, l’ancien syndic, rendait lui-même aveu pour la maison qu’il occupait dans la rue Clinquaine ou Quinquaine. Il y réclamait le privilège de faire moudre ses blés au moulin de l’évêque, sans rien payer, et celui « de tout temps immémorial d’avoir et jouir à sa vollonté du premier plat, vaisselle et viande deserte du disner que les dictz seigneurs evesques de Sainct Brieuc font a leur joyeusse venuë et entrée solennelle en la ville. » En retour, il se déclarait obligé de faire ferrer et déferrer à ses dépens la haquenée de l’évéque, pendant que celui-ci résidait à Saint-Brieuc, et aussi de faire ferrer et déferrer les prisonniers, moyennant paiement convenu et autorisation de garder les fers, faute de paiement.

Que dire de la fameuse servitude connue sous le nom d’obéissance des grenouilles ? Elle portait sur deux maisons de l’Allée-Menault (rue Traversière), dont les tenanciers devaient payer une rente annuelle de 12 deniers et frapper le ruisseau, la veille de la Saint-Jean, en disant trois fois aux grenouilles : « renouesselles, taisez-vous, laissez Monsieur dormir. » Nous ne prétendons pas justifier cette cérémonie bizarre, qui n’avait même pas, comme certains usages féodaux, un côté jovial ; mais, en supposant