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chœur. Noulleau eut le tort de porter l’affaire devant la Cour royale et de provoquer des citations à comparaitre, qui le firent suspendre par l’évêque. Denis de La Barde eut beau accepter un compromis par amour de la paix, Noulleau n’en continua pas moins de parler et de s’agiter, tout en vivant avec beaucoup d’austérité. On vit alors le chapitre, par une singulière inconséquence, le déclarer homme de bien et lui permettre d’aller à Paris soutenir contre l’évêque une série de procès qui durèrent pendant plus de quinze ans. Tout en prêchant la réforme de la discipline dans ses écrits, Noulleau fut donc un obstacle aux essais de réforme de l’évêque Denis de La Barde. Il dut reprendre ses fonctions de théologal, car il avait ce titre quand il fut inhumé dans l’église de Saint-Michel, le 24 août 1672[1].

Noulleau ne s’est pas fait connaître seulement par l’étrangeté de sa conduite, il a marqué sa place comme savant. La bibliothèque de Saint-Brieuc possède une édition, imprimée à Paris, en 1665, sous le titre : Opera Joannis Baptistœ Noulleau. Ce livre contient divers traités concernant le devoir et la bonne conduite des peuples ; la politique chrétienne ; les règles de conduite des grands et des riches ; la magistrature chrétienne ; la vie de M. de Villazel, évêque de Saint-Brieuc ; la doctrine d’Augustin sur la grâce. En politique, Noulleau ne voit rien au-dessus de la monarchie de Louis XIV et trouve que les pays d’États doivent rendre grâces au roi des privilèges que celui-ci leur laisse ; mais, en même temps, il trace les devoirs des princes à l’égard des peuples et ceux des grands, dont les biens, dit-il, ne sont que les biens des pauvres. Certaines opinions religieuses émises par Noulleau l’ont fait accuser d’avoir été non seulement gallican, mais janséniste. Il rappelle cepen-

  1. « Vénérable et discret missire Jean-Baptiste Noulleaux, sieur théologal depuis 1639 en l’église cathédrale de St Brieuc, de la congrégation de l’Oratoire, ayant décédé en la communion de la saincte Eglise, après avoir esté administré des saints sacrements en sa dernière maladie, a esté enterré dans ladite église, le vingt quatriesme jour daoust mix six cent soixante douze, proche la chaire. Signe : Adam, curé. » (Extrait du registre des baptêmes, mariages et sépultures, fol. 115, 1671-1672).