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gentilshommes ayant moins de 1,000 livres de rente. Le mémoire rédigé à cette occasion proclamait en ces termes la séparation des ordres et le droit spécial qui donnait l’entrée aux membres de chaque ordre : « leurs droits constitutifs ne pouvant être altérés, tout titre qui leur devient contraire doit demeurer tout à la fois sans provision et sans effet. » À ces fières paroles le pouvoir royal répondit en retirant son arrêt. Il promit même d’examiner une requête des États concernant le rappel du Parlement.

À la suite de pareilles concessions, les États accordèrent les demandes considérables d’argent que leur fit le gouvernement et reprirent en paix la rédaction de leur règlement. Ils décidèrent que les délibérations seraient libres et trouvèrent bon d’avoir dans la salle une tribune, « où les jeunes citoyens des trois États peuvent assister pour s’instruire des affaires de la province. » Le roi modéra un peu l’ardeur des États, spécialement en ce qui concernait la tribune, où il ne put entrer que « vingt personnes d’un état distingué et avec l’agrément des présidents des ordres.» Si les États de Bretagne n’entendaient pas la liberté à la manière du xixe siècle, il est juste de reconnaître qu’ils avaient pris une attitude énergique en présence du pouvoir absolu.

Au point de vue des intérêts particuliers à Saint-Brieuc, notons encore que les États avaient accordé dans cette session 3,000 livres au port du Légué et 1,200 livres aux mendiants de Saint-Brieuc, « lesquels, avaient-ils dit au début, seront incessamment renfermés, afin qu’il n’en paraisse aucun pendant le cours de ladite tenue. » Les dépenses faites par la ville et vérifiées par l’intendant s’élevèrent, pendant la session extraordinaire, à 6,158 liv. 19 sous, et pendant la session ordinaire, à 7,124 livres 5 sous et 9 deniers. Elle reçut 6,000 livres d’indemnité pour les deux sessions.

En dehors de la réunion des États, le mouvement était rare à Saint-Brieuc ; aussi relevait-on sur le registre des délibérations, avec un soin minutieux, les jours solennels où le maire montait à cheval pour aller au-devant de