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quelque personnage et les précautions que prenaient MM. de la communauté pour faire en ville une rentrée convenable. En 1769, les officiers municipaux eurent l’occasion de se produire au dehors pour saluer le retour à Rennes du Parlement de Bretagne. Le maire et les échevins de Saint-Brieuc furent reçus par la Cour, toutes chambres assemblées, le 17 juillet 1769 : « Nos seigneurs, dirent-ils, nous voyons enfin ce jour heureux, ce jour si désiré, où les pères de la patrie réunis en assurent le bonheur ; mais, nos seigneurs, la ville de S. Brieuc n’a pu le voir sans en même temps se hâter de vous exprimer les sentiments de joie, d’amour et de respect dont elle est pénétrée. Elle nous envoie vous offrir ses hommages. Daignez les recevoir et, pour mettre le comble à sa félicité et à la nôtre, agréez celui de nos cœurs. »[1]

En même temps que la communauté de Saint-Brieuc soutenait le Parlement, elle se montrait, conformément à l’esprit du temps, peu favorable aux établissements religieux. Après avoir transcrit avec empressement sur ses registres l’arrêt prohibant les Jésuites, elle venait de protester contre l’octroi de lettres-patentes d’autorisation aux dames de la Croix. « Si les maisons régulières, disait-elle, sont utiles tant par rapport aux secours spirituels qu’à l’éducation de la jeunesse, elles sont très préjudiciables au bien public, lorsqu’elles sont en trop grand nombre, parce qu’elles fixent presque toujours les aumônes à leur profit, au grand préjudice des pauvres, et souvent elles attirent à elles quelques parties d’un commerce destiné à soutenir les charges publiques. » Ces principes avaient un fonds de vérité et devaient d’autant plus frapper les esprits que les sœurs de la Croix, qui avaient commencé, parait-il, « avec moins d’un louis d’or de premier fonds, étaient parvenues à faire des acquisitions et des bâtiments pour plus de 100,000 écus » ; mais les conséquences que la communauté tira de ce fait furent tellement exagérées qu’elles

  1. Recueil de pièces, actes, lettres et discours de félicitations à l’occasion du rappel de l’universalité des membres du Parlement de Bretagne, au 13 juillet 1769. — mdcclxx.