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comme un poète facile et agréable ; mais l’histoire a surtout conservé le souvenir de la mort héroïque qu’il chercha en 1734, devant Dantzich, à la tête d’une poignée de braves, pour sauver l’honneur de la France. Sa fille épousa le duc d’Aiguillon, qui eut ainsi des intérêts considérables autour de Saint-Brieuc, à Plélo et à Pordic.

Si la haute noblesse, propriétaire dans le voisinage, ne se faisait guère représenter que par ses hommes d’affaires, la petite noblesse disparaissait de plus en plus de ces nombreux manoirs où nous l’avons vue établie jusqu’au xvie siècle et où la remplaçaient les bourgeois enrichis. La lente transformation qui se faisait depuis longtemps dans la situation de la noblesse en annonçait une autre plus complète, qu’il eût été sage de prévoir et de préparer.

Le clergé prenait une part assez active aux affaires de la cité. Nous savons combien les évêques contribuèrent aux travaux publics et aux fondations utiles (sœurs de la Croix, de Saint-Vincent de Paul, hôpital, collège). À leur exemple, les prêtres les plus distingués se dévouaient aux œuvres de bienfaisance et surtout d’instruction. Un chanoine, M. de Kersaliou, fondait l’école des frères. M. Chouesmel, principal du collège de 1733 à 1773, consacrait à cet établissement plus de 30,000 livres sur sa fortune privée et y fondait, en 1762, cinq bourses de 100 livres chacune, à la nomination de l’évêque, pour les paroisses où les prêtres se recrutaient le plus difficilement. En même temps, M. Le Borgne, recteur de Pluduno, constituait une autre bourse pour un écolier de sa paroisse[1]. En 1766, M. Allaire, abbé de Bonrepos et ancien précepteur du duc de Chartres, faisait à sa ville natale et à son ancien collège un don de livres classiques d’une valeur de 3,000 livres, en l’accompagnant de judicieuses observations sur l’ensei-

  1. Cet exemple trouva des imitateurs en dehors du clergé. En 1764, un petit mercier de Trémuson, Louis Le Saulnier, qui avait fait fortune aux Antilles, créa cinq bourses au collège, eu les attribuant de préférence à ses parents pauvres. Grâce au concours des particuliers et des pouvoirs publics, la prospérité du collège de Saint-Brieuc était telle que la Sorbonne avait pu le citer, en 1762, dans un rapport au roi, comme une preuve qu’on pouvait se passer des Jésuites dans l’enseignement.