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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/200

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ait réclamé, au premier rang des réformes, une répartition proportionnelle de l’impôt.

La ville de Saint-Brieuc, peu industrielle et bien administrée, n’était pas exposée aux longues crises et avait de plus le bonheur d’être située au milieu d’un pays agricole, d’une richesse proverbiale. Duhamel de Monceau disait en effet, dans son traité de la Culture des terres : « Il y a aux environs de Saint-Brieuc un petit canton où la culture des terres est depuis longtemps portée à son plus haut point de perfection, et cependant l’exemple de ces laborieux cultivateurs influe peu sur leurs voisins.» Ogée leur prodiguait les mêmes éloges en ces termes : « On va visiter par curiosité ces champs qu’on ne peut voir qu’avec admiration. Ces estimables cultivateurs ont trouvé le secret de faire croître de très beau blé sur des rochers et il semble que la nature se plaît à récompenser par les plus abondantes récoltes leurs soins industrieux et pénibles. »

Arthur Young, dans ses Voyages en France, de 1787 à 1789, a consigné sur l’état de l’agriculture dans notre région des renseignements encore plus complets : « À Saint-Brieuc, les bonnes terres près de la ville valent de 2 à 3,000 livres et se louent de 80 à 100 livres. Le bled, dans de pareilles terres, donne jusqu’à 90 boisseaux de 40 livres pesant. À quelque distance de la ville, le prix du fonds est de 300 livres et la rente, de 12. » Et plus loin, citant encore Saint-Brieuc et Saint-Pol, par opposition au reste de la Bretagne, il ajoutait : « Les rentes passables, ainsi que la grande valeur de quelques petites parties de bonnes terres, comme à Saint-Brieuc, et des bonnes prairies, servent à prouver le mauvais état de l’agriculture de toute la province de Bretagne, Saint-Pol-de-Léon excepté. »

En parlant de l’agriculture dans le voisinage de Saint-Brieuc, il est permis de rappeler un projet qui ne fut pas exécuté, mais qui a vivement intéressé nos pères à diverses époques. Il s’agissait de la mise en culture des 4,000 journaux de grève de la baie d’Yffiniac. Le concessionnaire, M. Le Febvre de La Brulaire, conseiller au Parlement de Bretagne et propriétaire à Saint-Brieuc, avait obtenu l’au-