Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

20 avril, et signées au nom des deux ordres par leurs présidents, l’évêque de Rennes et le comte Bruno de Boisgelin. Ils y renouvelaient le serment de leurs ancêtres : « Vivre et mourir sous l’empire des lois, anciens droits et usages » ; mais ils désavouaient en même temps quiconque prétendrait, dans les nouvelles conditions, représenter aux États-généraux la province ou quelqu’un des ordres. Il eût été sans doute préférable de ne pas se désintéresser des affaires du pays dans un pareil moment. Mais n’importe ! L’ancienne Bretagne avait vécu et finissait avec honneur, et c’est dans notre ville, il ne faut pas l’oublier, que sa noblesse et son clergé se prononcèrent en public pour la dernière fois.

Ces protestations avaient produit naturellement, dans la ville de Saint-Brieuc, une certaine agitation qui se traduisit, au sein de la communauté, par une dernière lutte entre les deux partis, représentant, l’un, le mouvement, l’autre, la résistance. Ce fut à propos de l’élection d’un suppléant du maire nommé député. M. Prud’homme, premier lieutenant de maire, semblait appelé à le remplacer ; mais il se vit opposer M. Bagot. Il allait l’emporter quand il soutint dans un discours la nécessité du concours des trois ordres pour la formation de la loi. L’assemblée le désavoua. M. Prud’homme donna sa démission et M. Bagot fut nommé. Personne ne prit plus dès lors la défense de l’ancien régime.

D’ailleurs, la transformation des pouvoirs publics se faisait rapidement. Au sommet, l’Assemblée nationale constituante remplaçait les États-généraux et la monarchie constitutionnelle succédait peu à peu à la monarchie absolue. C’était revenir aux traditions nationales, en élargissant la base. Il n’y avait à craindre que l’entraînement naturel à une nation ardente et jeune dans la vie politique.

À Saint-Brieuc, la transition n’eut pas lieu sans secousses. En dehors de la communauté de ville, il s’était formé, dans la chapelle de Saint-Pierre, chaque jour de courrier, pour entendre les nouvelles, un groupe qui se constitua sous le nom de Communes et tint ses assemblées