Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les nouvelles élections municipales donnèrent les fonctions de maire à M. Le Gal ; celles d’officiers municipaux à MM. Bourel-Villaudoré, Jouannin-Folleville, Langlois, Beauchemin, Guimart, Leuduger-Fortmorel, Gautier et Morel ; celles de procureur-syndic, à M. Dubois Saint-Sévrin. Elles placèrent dans le corps des notables, l’évêque Jacob et son vicaire Gautier à côté de M. Palasne de Champeaux.

1792. — M. Palasne était toujours dans le pays l’homme le plus en vue. Il venait d’être élu président du tribunal criminel du département. L’installation du tribunal eut lieu le 2 janvier, dans l’ancienne chapelle Saint-Pierre. Les discours n’y manquèrent pas et la cérémonie fut encore terminée par un Te Deum. Dans les mois suivants, on organisa le tribunal de commerce, la garde nationale, avec M. Leuduger-Formorel pour lieutenant-colonel ; on bénit des drapeaux ; on planta, le 7 juin, un arbre de la liberté, de 70 pieds, surmonté du bonnet de la liberté. Cet arbre fut « élevé entre les deux places, par les efforts réunis des fonctionnaires publics et des citoyens de toutes classes... Le tambour battait aux champs et une musique guerrière faisait entendre le refrain chéri Ça ira. »

Où allait-on ? Personne ne le savait. Il y avait partout un mélange incompréhensible d’hommes et d’opinions. Ce n’était plus la monarchie, mais pas encore la république. Ce n’était pas la liberté, puisqu’on poursuivait les prêtres qui refusaient le serment et les nobles, parents d’émigrés ou simplement suspects. À Saint-Brieuc, cette ville modérée par tempérament, on acceptait, comme ailleurs, les décrets les plus violents de l’Assemblée et du gouvernement ; on écoutait les dénonciateurs, on promettait des primes pour l’arrestation des proscrits, on envoyait la garde nationale dans les communes voisines pour y soutenir les prêtres assermentés contre la volonté des populations.

Quant aux libertés municipales, il n’en était plus question. N’avait-on pas donné aux communes le droit de faire des élections en permanence et celui d’augmenter les sous par livre pour couvrir les dépenses locales ? À Saint-Brieuc,